Disturbed pourra-t-il se produire le 12 octobre prochain au Zénith de Paris ? Plusieurs élus de gauche réclament la déprogrammation du groupe de metal américain, après la parution dimanche d’un article de Mediapart mettant en cause le chanteur David Draiman, fervent soutien du gouvernement Nétanyahou et de l’offensive menée par Israël à Gaza.
Le chanteur de 52 ans, pro-israélien notoire, avait été au cœur d’une polémique l’été dernier, après un post sur ses réseaux sociaux. Plusieurs photos le montraient sur une base militaire de l’Etat hébreu avec des soldats de Tsahal, en train de signer une bombe vraisemblablement destinée à être larguée sur Gaza, où plus de 66 000 personnes sont mortes depuis le début du conflit, le 7 octobre 2023.
Un geste «immonde»
Ce que ne manquent pas de rappeler des personnalités politiques de la capitale classées à gauche. «La culture ne peut être complice de l’apologie du génocide», s’est insurgé le sénateur PCF de Paris, Ian Brossat, dans un communiqué publié ce lundi. Ce dernier précise avoir contacté la direction de l’enceinte parisienne pour demander l’annulation du concert. Dans le cas contraire, cela serait «une faute morale, une insulte aux victimes et sa tenue représenteraient un risque évident de troubles à l’ordre public». Paris «ne peut pas être associée à la promotion du génocide», écrit-il encore.
Candidat à la succession d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire exige lui aussi sur X la déprogrammation de l’événement, en qualifiant le geste de David Draiman d’«immonde». «De tels messages n’ont pas leur place à Paris», poursuit le député socialiste et conseiller de Paris,.
«On est en présence de quelqu’un dont les paroles et les actes tombent manifestement sous le coup de la loi parce qu’ils sont dans la complicité de crimes de guerre ou de génocide», a soulevé Sarah Legrain, députée insoumise de la 16e circonscription de Paris, dans le XIXe arrondissement, où est localisé le Zénith.
«Risque de trouble à l’ordre public»
La mairie socialiste du XIXe arrondissement dit à Mediapart qu’elle «n’a pas le pouvoir de coercition pour déprogrammer des artistes […] mais la question qui se pose est celle du risque de trouble à l’ordre public et dans ce cas il faudra voir avec la préfecture pour agir».
Contactée par Mediapart, la direction du Zénith explique que «l’exploitant du Zénith ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour “autoriser” ou “interdire” la présentation d’un spectacle, dès lors que le producteur répond aux exigences juridiques posées dans les conditions générales de location» et que «la prérogative permettant d’interdire une manifestation revient aux seules autorités compétentes (tribunal, préfecture, Conseil d’Etat…)».
Egalement sollicitée par Mediapart, l’entreprise Live Nation, qui produit le concert, dirigée par John C. Malone, le milliardaire octogénaire pro-Trump, n’a pas donné suite à leur demande.