«Je ne suis pas là pour prendre une revanche. Ce qui m’anime moi, c’est la vie. Je suis là et j’ai le droit d’être là.» Ce sont les mots puissants, pacifiques, que l’on gardera peut-être le plus en tête de notre discussion avec Edi Dubien, artiste de 61 ans tourné vers la lumière, allure rockabilly ascendant motard et adepte du clin d’œil pour ne pas que miroite trop longtemps cette pointe de spleen logée au fond d’un regard qui a beaucoup pleuré. C’est lui-même qui le dit. Cet homme trans que l’on a découvert chez son galeriste attitré Alain Gutharc en 2020 dessine, peint, sculpte depuis des années maintenant pour ne pas dire des décennies, des animaux, des végétaux et jeunes garçons unis et réunis, voire entremêlés dans une certaine paix, une alliance pour une fois, un flirt débouchant sur une réconciliation interespèce à laquelle on ne croyait plus.
Edi Dubien n’est pas là pour la revanche ni pour la bagarre, pas plus qu’il n’est amer de cette vie qui lui a mis tant de bâtons dans les roues. Il aurait pu. Après avoir connu la précarité et organisé débrouillard depuis le début des années 1990 ses propres événements, soutenu par quelques collectionneurs et amis, ainsi que vendu depuis son camion en fidèle destrier dans les rues de Paris (ce qu’il aimait faire) ou aux puces de Vanves, il se trouve depuis courtisé par les grandes institutions culturelles et