Deux mille vingt-quatre : année zéro ? Pour l’artiste Nathalie du Pasquier, figure longtemps minorée du mouvement Memphis qui, dans les années 80, prônait un accès au design pour tous avant de devenir un réservoir pour collectionneurs pointus, ça ne fait pas un pli : l’année sera révolutionnaire ou ne sera pas. A la librairie Yvon Lambert qui accompagne sa renaissance depuis son émancipation prolifique sur les cimaises du monde entier, elle décline en douze affiches colorées et architecturées le calendrier poétisé en 1793 par Fabre d’Eglantine (qui finira guillotiné avec Danton) après l’abolition de la monarchie. Si l’on n’est pas naïf au point d’espérer un renversement du régime jupitérien, on peut au moins rêver, avec elle et les républicains plus inspirés d’alors, d’un découpage du temps qui prendrait le pouls des saisons : avec une année qui commencerait au temps des vendanges, «vendémiaire», des brouillards, «brumaire», et des premiers frimas de l’hiver au mois de «frimaire». «Nivôse», «pluviôse» et «ventôse» n’auraient pas raison de notre moral même si nous attendrions tous avec impatience la montée de sève en «germinal», le beau «floréal» et le riant «prairial». Jusqu’à l’éclatante trilogie estivale de «messidor», «thermidor» et «fructidor» et soudain, d’un coup sec, le retour brutal à notre compte à rebours actuel : celui du réchauffement climatique.
Du 12 janvier au 11 février 2024 la librairie Yvon Lambert, 14 rue des Filles du Calvaire, Paris IIIe.