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Exposition

«En piste ! Clowns, pitres et saltimbanques» au Mucem : la quête foraine

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Au musée marseillais, Macha Makeïeff met en scène les arts du cirque dans une déambulation un peu trop nostalgique mais pleine de tendresse mélancolique.
«Alfred Court et son tigre» (1930). (David Giancatarina)
publié le 11 janvier 2025 à 8h48

Clou du spectacle : l’Arlequin de Picasso (1923) est placé sur la scène d’un vieux décor de théâtre en bois. Un peu en surplomb de nous, entre ses fausses colonnes doriques, il paraît pourtant très proche, échappé des vitrines et des plexiglas du musée (il a fait le voyage depuis le Centre Pompidou) ; on pourrait presque le toucher. Mélancolique, inachevé (seuls son visage et son épaule droite sont peints), Arlequin a les yeux dans le vague. Son air absent, peut-être tourné vers ses grandes heures, vers un monde à moitié effacé comme lui, donne le ton de l’exposition mise en scène par Macha Makeïeff au Mucem. Consacrée au cirque, à ses saltimbanques et à ses freaks : elle se veut être une fête mais alors il s’agit d’une fête nostalgique. Car une fois achevés, «où vont-ils, les spectacles, vers quel au-delà ?» interroge Macha Makeïeff, dans le catalogue, très soigné et très personnel, de l’expo (La Martinière).

Des chausses de clown, une autruche naturalisée…

«Je suis obsédée par la trace de ces gens-là», dit-elle d’une voix émue aux journalistes venus découvrir son installation qui s’étend sur 1 200 mètres carrés. La metteuse en scène, qui fut pendant onze ans à la tête du théâtre de la Criée de Marseille, a pensé l’exposition «En piste !» comme une scène que chaque spectateur traverse à sa guise, du vestibule aux loges, de la piste de cirque où cabriole une Nana acrobate de Niki de Saint Phalle aux roulottes tout au bout du vaste espace d’où les murs ont presque complètement disparu. Les lumière