«Second tour» d’Albert Dupontel
Poursuivant sa furie du film en croûte, après Au revoir là-haut et Adieu les cons, Albert Dupontel trimbale son air de faux naïf, faux gentil dans un film «politique» où il est un candidat à la présidentielle issu d’une grande famille d’industriels menant une campagne de façade libérale pour en réalité une fois élu dispenser une action de gauche écolo, tout ça avec l’appui d’un garde du corps roumain et sous l’œil d’une journaliste sentant la magouille (Cécile de France). Passé de Gaumont à Pathé, bénéficiant toujours de budgets plus que confortables pour des films qui semblent pourtant d’une laideur inédite et pas spécialement spectaculaires, on se pince à peu près à chaque scène, toute plus embarrassantes les unes que les autres et suggérant en gros que la démocratie est un jeu de dupes. Populisme mainstream. Didier Péron
«Le Syndrome des amours passées» d’Ann Sirot et Raphaël Balboni
Deuxième long métrage du duo belge Ann Sirot et Raphaël Balboni, le Syndrome des amours passées ne réitère pas la modeste réussite de leur précédent film, Une vie démente, basé sur un principe de contraste entre un geste pop et un sujet grave. Ici, on carbure à la fantaisie acidulée et on s’enferre dans une construction par accumulation, redondante avec la mise en scène : Rémy et Sandra doivent recoucher avec chacun de leur ex s’ils veulent espérer avoir un enfant, les voici donc partis sur un chemin semé de petits sketchs plus ou moins réussis, tous filmés en jump-cuts. Le parti pris du jump-cut intégral, déjà présent dans Une vie démente, produit ici la désagréable impression d’un faux rythme permanent et contraint le film à demeurer dans une superficialité de format court, façon vidéo YouTube. Le couple, au demeurant plutôt sympathique et campé par de bons acteurs, aurait mérité une durée plus juste pour ne pas s’arrêter à une loufoquerie convenue. Laura Tuillier
«The Pod Generation» de Sophie Barthes
«On dirait une série Apple TV +», a-t-on entendu pendant qu’on visionnait The Pod Generation, et il n’est pas faux que cette fable sci-fi de la Française Sophie Barthes s’associe à ce qu’on appellera la «dystopie OS X», sous-genre peu doté en films après sa matrice Her (Spike Jonze, 2013) mais qui infuse un épisode sur deux de la série Black Mirror. The Pod Generation pourrait en être un épisode mineur, puisque son postulat de grossesse assistée par la technologie est tout ce qu’il y a de plus plausible. Un couple apathique, elle femme active du tertiaire, lui botaniste déprimé par les arbres en plastique, s’y reproduit à l’aide d’un gros œuf aux airs d’enceinte connectée et s’interroge vite de sa possible aliénation au passage. «Les enfants nés dans les pods ne rêvent pas», regrette un parent paniqué sur les bords. Las, The Pod Generation ne casse pas trois pattes à un canard mécanique. Ce qu’on préfère sont les effets sonores, car tout y buzze, couine et glougloute, comme un hommage tardif et hi-fi à Jacques Tati. Olivier Lamm