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Scènes

«Et j’en suis là de mes rêveries», paysages comme des images

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Dans une adaptation très épurée de «Rabalaïre», roman-fleuve d’Alain Guiraudie, Maurin Ollès se sert de la puissance imaginative pour faire tout voir au public avec presque rien.
«Et j’en suis là de mes rêveries», mis en scène par Maurin Ollès, avec Pierre Maillet. (Erwan Dean)
publié le 7 avril 2025 à 17h52

Encore une scène vide et seulement deux acteurs au plateau ? Encore un spectacle qui par sa forme démontre l’étranglement financier dont souffre le secteur et sa capacité à faire toujours plus avec moins ? Tout dans la manière d’être et de faire de Maurin Ollès qui joue, adapte et met en scène un court passage de Rabalaïre, le deuxième roman-fleuve de près de 1 000 pages du cinéaste et romancier Alain Guiraudie, laisse l’empreinte d’un paysage sur scène. Tout dans cette manière démontre comme par effraction la puissance imaginative que peuvent susciter le jeu et sa capacité à faire tout voir avec presque rien. Ainsi, est-on pris durant le spectacle d’une folie hallucinatoire : forêt, champignons, kilomètres arpentés à bicyclette, efforts, voiture garée ou égarée, villages, rare café ouvert, Rosine, restauratrice endeuillée, Rémi Barthes du collectif action citoyenne, montagnes.

Cadavre encore chaud

Le tour de prestidigitation n’est pas simple à démonter, mais on quitte la représentation avec beaucoup plus d’images que ce qui est factuellement montré, une partie valant perpétuellement pour le tout, un maillot de cycliste suffisant à montrer un vélo, une lampe frontale évoquant le coin à cèpes déniché la nuit, à moins qu’elle ne serve à creuser un trou afin de se débarrasser d’un cadavre encore chaud, et dans ce cas, pense