Même en se replongeant avec gourmandise dans les épisodes des trois premières saisons, on peine à identifier le moment où les choses ont basculé. A trouver l’instant précis où Evil est, pour nous, passé du statut de série réjouissante à celui d’objet véritablement attendu, qu’on regarde le sourire aux lèvres. Cela tient peut-être au fait que la création de Robert et Michelle King, génial power duo de la téloche américaine, créateurs, scénaristes (et parfois réalisateur, pour Robert) de The Good Wife et The Good Fight, est un pur feuilleton, une série old school qui s’organise en une succession d’épisodes autoconclusifs qui, mis bout à bout, composent un grand récit. A ce titre, la série n’organise aucun moment de franche rupture et installe plutôt son identité sur le temps long de la continuité sérielle.
Evil est bâti selon le vieux principe du «monstre de la semaine», chaque épisode révélant un nouveau visage du mystérieux – comme X-Files ou Fringe avant elle. Pas d’invasion extraterrestre ou d’ésotérisme quantique ici, mais la lutte entre le divin et le malveillant, entre le bien et le mal. Reste à savoir ce que l’on place derrière ces mots. C’es