Menu
Libération
Scène

«Extra Life» avec Adèle Haenel, la fureur de Vienne

Article réservé aux abonnés
Dans un spectacle sculpté au laser, Gisèle Vienne met le trauma en miettes au point de brouiller nos perceptions.
Adèle Haenel dans «Extra Life». (Estelle Hanania)
publié le 18 novembre 2023 à 17h27

Une clairière, des petits bouts de roches, un épais brouillard y compris dans la salle quand on y entre. Le reflet de l’eau qui miroite sur la vase à marée basse. Ou un terrain vague. Et sur le côté, la profondeur d’une forêt, où une silhouette ne va pas tarder à se dessiner. Deux jeunes gens à l’avant d’une voiture, côté jardin. Ils écoutent la radio. On perçoit nettement leur visage à travers les vitres dans le clair-obscur. Elle rit, refait le film de la nuit de fête qui vient de s’écouler, prend la voix française d’une mauvaise doublure d’un film américain ou d’un jeu vidéo, contrefait les intonations qui émanent du poste. Elle, c’est Adèle Haenel, d’une vitalité formidable dans Extra Life, la nouvelle création de Gisèle Vienne qui ouvre le festival du TNB à Rennes. On commence par se féliciter que la comédienne n’ait rien perdu de sa puissance d’incarnation depuis qu’elle déserte les écrans. On comprend que les deux sont sœur et frère, qu’ils viennent de se retrouver après une longue séparation, une explosion familiale qui les a fait grandir chacun de leur côté. Lui, c’est Théo Livesey, déjà interprète de Gisèle Vienne dans Crowd et Kindertotenlieder. Tout le début du spectacle entre le frère et la sœur, avec la gaîté-carapace, l’excitation, les changements de voix, le tout qu