Sur le plateau – carré blanc au sol qu’excède le tracé de rosaces discrètes –, deux danseurs esquissent des pas de claquettes mâtinés de flamenco – tac tac tacatac tac tac tac. Ce rythme convoque les violons, la basse continue, toute l’ampleur des Quatre Saisons. Les interprètes jouent le Printemps comme un beatbox pédestre, avec sur le visage une belle malice, et dans le corps une formidable endurance. Ce nouveau spectacle d’Anne Teresa De Keersmaeker et Radouan Mriziga travaille Vivaldi avec une rigueur pugnace dans l’analyse musicale, mais aussi avec une force d’incarnation qui permet d’enfin entendre ce tube absolu usé par les musiques d’attente et les fausses notes de conservatoire. Le Festival d’automne ouvre avec un véritable printemps, l’idée exaltante d’un renouveau.
Cliché subverti
Pour redonner vie à cette grande pièce musicale sur la nature, Anne Teresa De Keersmaeker a fait appel à un autre chorégraphe, le Belgo-Marocain Radouan Mriziga, et à la violoniste Amandine Beyer, dont la version enregistrée des Quatre Saisons avec instruments baroques, qui fait désormais référence, résonne avec une férocité renouvelée dans la grande salle du théâtre de la Ville. Composé par un artiste vénitien dont l’environnement était urbain, accompagné de sonnets sur le grand cycle de la vie, cet ensemble de quatre concertos retrouve sa forme paradoxale sur un plateau d’abord éclairé par la lumière blanche et hyper-artificielle de néons blancs, qui clignotent en silence et