Sur la scène du Centquatre à Paris, deux musiciens, un saxophoniste et un DJ originaires du plateau du Golan (territoire syrien annexé par Israël depuis 1967) se dessinent, fantomatiques et pixélisés, au revers de deux grosses enceintes. Leur vol a été annulé, un autre circuit a été envisagé mais craignant de ne jamais pouvoir regagner le territoire, ils ont préféré s’abstenir. La performance se fera donc par retransmissions interposées. A la fin, avec un décalage de quelques secondes, le public les applaudit. Revenu sur son siège après avoir joué le Monsieur Loyal sur scène, l’artiste Lawrence Abu Hamdan, lui, ironise sur ce «que le Festival d’automne et le Centquatre préfèrent appeler “the situation”». Ses mots à lui sont nettement plus crus. Ils cherchent à circonscrire une réalité qui ne dit pas son nom. Celle d’un «colonialisme vert» dans l’histoire qu’il nous raconte aujourd’hui. Et en grosses lettres capitales clignotant derrière, celle, assume-t-il, d’un «génocide».
Mouvement désespéré et sacrificiel
Utilisant ses méthodes habituelles (mais tout à fait hors normes dans le champ de l’art) d’enquêteur et d’acousticien, l’artiste jordanien qui vit désormais à Beyrouth (Liban) s’est intéressé à l’implantation d’un parc d’éoliennes monumentales sur le plateau du Golan. On le suit sur ce territoire inconnu par la grâce d’un jeu vidéo conçu pour l’occasion, qui nous fait circuler entre les pales gigantesques et éminemment sonores des moulins à vent et les abris qui ont résisté et parfois