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Libération
Création sonore

Festival d’automne : Lawrence Abu Hamdan, l’air de la guerre

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L’artiste jordanien traduit la réalité d’une vie rythmée par la violence du bruit en livrant une performance sur la présence constante de drones et d’avions de chasse israéliens dans le ciel libanais.
«Air Pressure» conjugue séquençage chronologique et création sonore live. ( Studio Lawrence Abu Hamdan)
publié le 11 octobre 2024 à 7h15

Sur la scène du Centquatre à Paris, deux musiciens, un saxophoniste et un DJ originaires du plateau du Golan (territoire syrien annexé par Israël depuis 1967) se dessinent, fantomatiques et pixélisés, au revers de deux grosses enceintes. Leur vol a été annulé, un autre circuit a été envisagé mais craignant de ne jamais pouvoir regagner le territoire, ils ont préféré s’abstenir. La performance se fera donc par retransmissions interposées. A la fin, avec un décalage de quelques secondes, le public les applaudit. Revenu sur son siège après avoir joué le Monsieur Loyal sur scène, l’artiste Lawrence Abu Hamdan, lui, ironise sur ce «que le Festival d’automne et le Centquatre préfèrent appeler “the situation”». Ses mots à lui sont nettement plus crus. Ils cherchent à circonscrire une réalité qui ne dit pas son nom. Celle d’un «colonialisme vert» dans l’histoire qu’il nous raconte aujourd’hui. Et en grosses lettres capitales clignotant derrière, celle, assume-t-il, d’un «génocide».

Mouvement désespéré et sacrificiel

Utilisant ses méthodes habituelles (mais tout à fait hors normes dans le champ de l’art) d’enquêteur et d’acousticien, l’artiste jordanien qui vit désormais à Beyrouth (Liban) s’est intéressé à l’implantation d’un parc d’éoliennes monumentales sur le plateau du Golan. On le suit sur ce territoire inconnu par la grâce d’un jeu vidéo conçu pour l’occasion, qui nous fait circuler entre les pales gigantesques et éminemment sonores des moulins à vent et les abris qui ont résisté et parfois