Le décor se déroule et s’enroule à nouveau comme un grand rouleau de papier blanc, d’un mur à l’autre, tapis où évolueront les sept comédiens, écran où se projetteront de rares images pendant la représentation. Comme un volumen enveloppant, où seraient inscrits les commandements de la loi, et pas n’importe laquelle, la loi qui régit la famille. Comment on se marie et pour quelles raisons a-t-on le droit de se démarier, comment on procrée, qui a le droit de garder sa progéniture près de soi et jusqu’où les corps des uns (ceux des femmes et des enfants surtout) appartiennent aux autres.
Affaires familiales, d’Emilie Rousset, est une plongée dans la justice familiale – du code civil au pénal, du divorce à la GPA et aux violences intrafamiliales. Pendant deux heures et quart, la metteuse en scène fait rejouer sur scène par des comédiens les entretiens qu’elle a menés avec des avocates, des pères gays, des mères harcelées par la justice après avoir dénoncé l’inceste commis par leur conjoint, une élue…
Décalage et dédoublement
Le théâtre documentaire d’Emilie Rousset a depuis un certain temps déjà ses codes : les interprètes répètent, à l’hésitation et au mouvement de main près, les propos des personnes qu’ils représentent sur scène. Ils sont munis d’une oreillette dans laquelle défile la bande audio qu’ils doivent prononcer à leur tour. Représentation mais pas identification : les hommes jouent des femmes et les jeunes actrices des plus âgées. La metteuse en scène s’était déjà frottée à la mise au p