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Théâtre

Festival d’Avignon : dans «Soliloquio», le cœur et la rage de Tiziano Cruz

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Véritable révélation du «In», le metteur en scène argentin s’inspire de sa correspondance avec sa mère pendant le confinement pour transformer sa colère froide en réquisitoire contre la discrimination des corps autochtones dans son pays d’origine.
Dans «Soliloquio», le metteur en scène argentin Tiziano Cruz fait partir de la rue une parade musicale avant de réciter seul sur scène un monologue. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
publié le 10 juillet 2024 à 5h12

Pendant que la compagnie franco-catalane Baro d’Evel abandonne la scène, à la fin de son spectacle Qui som ?, pour descendre dans la salle et dans la rue sur un air de fanfare, l’Argentin Tiziano Cruz acte le mouvement inverse dans Soliloquio («Soliloque, je me suis réveillé et j’ai frappé ma tête contre le mur», en français). Partir de la rue, en une parade musicale, pause de dix minutes pour une lecture à ciel ouvert sur une place publique de son «manifeste», avant de gagner le théâtre, cette fois en un défilé engagé. Quitter le théâtre ou le gagner, deux rapports à la scène. Dans le cas de Tiziano Cruz, il s’agit d’un combat vital face à la quasi-impossibilité de se produire en Argentine, à l’invisibilisation des acteurs culturels suite à la coupure totale des subventions, bref face à cette politique de haine néolibérale orchestrée par le président d’extrême droite, Javier Milei.

Juste violence de son texte réquisitoire

Son défilé nous emmène jusqu’aux portes du théâtre. Là, devant l’entrée du gymnase du lycée Mistral, il serre la main de chacun et chacune, droit dans les yeux, le sourire aux lèvres dans son mot de bienvenue. Soliloquio est la pris