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Le «off»

Festival d’Avignon: «Janis» tombe à biopic

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Janis Joplin semble ressusciter sur une scène du «off», brillamment interprétée par Juliette Savary sous la direction de Nora Granovsky. En résultent une intimité et une clarté rares.
«Janis», interprétée par Juliette Savary. (Simon Gosselin/11 - Avignon)
publié le 13 juillet 2022 à 17h32

Comment réagiriez-vous si, cherchant un peu de répit dans une salle climatisée du «off», vous tombiez nez à nez sur Janis Joplin ? Oui, Janis Joplin, pas son imitation, au point d’être fortement émue lorsqu’elle revient chanter au bout d’une heure et demie à la guitare sèche Me and Bobby McGee, la chanson écrite par Kris Kristofferson et Fred Foster, qu’elle a enregistrée la veille de sa mort en octobre 1970 ? Le Janis que conçoit et met en scène Nora Granovsky a cette force, ce pouvoir étrange de ranimer sur un plateau la chanteuse disparue, plutôt que d’en offrir un genre de doublon fût-il bien dessiné.

Et évidemment, immédiatement, il faut dire le nom de celle qui habite l’évocation, lui offre une incarnation, fait vivre ses gestes, ses expressions, se confond dans sa voix : Juliette Savary (aucun lien de parenté avec Jérôme), qui a grandi dans le Nord, la trentaine et des poussières, a été formée au conservatoire national auprès de Dominique Valadié, Alain Françon, Denis Podalydès, Yvo Mentens pour la part burlesque, et modeste, donc, puisqu’elle disparaît au profit d’une autre : Janis Joplin.

Ni par hasard ni par magie

On n’était pas convaincue d’avance, on soupirait. Encore un biopic, encore une tentative de s’appuyer sur un mythe pour asseoir sa propre existence. Aller au théâtre, c’est prendre le risque d’un inconfort mental, ce qui explique les hésitations, les tergiver