Parmi les spectacles qu’on a vus jusque-là à Avignon, et qui reposent beaucoup sur le texte et la narration, la proposition de la danseuse La Ribot accompagnée du musicien Asier Puga tranche. Déshabituée peut-être, une partie du public s’impatiente devant cette performance un peu erratique à la beauté amère, qui produit pourtant des images inédites, burlesques parfois, cruelles souvent, composant la fiction déconstruite d’une femme que l’histoire a escamotée.
Antididactisme assumé et pessimisme noir
Jeanne 1re de Castille a longtemps été réduite à un surnom : «la Folle». Mariée à Philippe de Habsbourg les besoins de l’Empire espagnol, elle sera enfermée par son fils Charles Quint dans un couvent où elle meurt oubliée de tous en 1555. C’est la deuxième fois que la chorégraphe espagnole La Ribot s’empare de cette figure, après un premier spectacle joué en 1992, à une époque où les artistes dans les festivals étaient dans une majorité écrasante des hommes, et où sans doute le seul geste d’exhumer un tel personnage dans une perspective féministe paraissait radical. La force de ce nouveau spectacle, alors que les motifs de la domination patriarcale et de la toxicité masculine pullulent sur les scènes, tient à un antididactisme assumé et un pessimisme noir. On assiste donc dans ce cloître des Célestins, sur lequel la nuit tombe doucement, à plusieurs sé