Ça, c’est le type même de pièce qui rend l’exercice critique difficile, Los Dias Afuera de l’Argentine Lola Arias. Soit les parcours fracassés de quatre femmes cisgenres, et deux personnes trans, violentées, emprisonnées : «mille cent jours», annonce l’une ; «mille cinq cent treize», surenchérit l’autre. Qui dit mieux ? Donnons au moins leur prénom, on leur doit bien ça : formidables Yoseli, Nacho, Estefania, Noelia, Carla et Paula, qui montent pour la première fois sur scène et exposent «leurs jours après» la prison pour femmes d’Ezeiza à Buenos Aires. Pas d’hommes cisgenres sur ce décor échafaudage de scène de concert, version pole dance, qui vire au drive-in – mais ils sont l’objet de toutes les plaintes : veulerie, tromperie, et lâcheté. Nacho, lui, est «garçon trans», aujourd’hui chauffeur de taxi et «psy de pacotille» quand les clients se racontent.
Misère en héritage
C’est à leur tour de se dire. Tout. La misère en héritage, la rue, la drogue, le vol, la violence systémique faite aux femmes et trans, les flics qui tabassent, les conditions de détention, la visite des familles explosées, les discriminations à l’emploi, au logement, le sexe et l’amour en prison, deux filles qui restent collées des nuits entières à mater des films d’horreur, Nacho et Estefania qui se souviennent de leur groupe de rock pénitentiaire, les Hors contrôle – en serait-il autrement ? –, c’était en 2012. Douze ans plus tard, la musique brusque l’Opéra d’Avignon dans une dra