Ne pas se fier au titre, Nexus de l’adoration, qui fait évidemment peur, aucun festivalier n’a envie d’être enrôlé dans une église évangélique new age dès le début du festival, mais aussi en raison du mot «nexus», son étrange familiarité, même si on ne l’emploie jamais et qu’on en oublie le sens aussitôt qu’on l’apprend. Un nexus, c’est un point de convergence, un seuil, l’entrée dans différents mondes éventuellement informatiques, mais aussi un terme linguistique qui qualifie le lien entre un prédicat et son sujet, ou encore, dans l’Antiquité romaine, un citoyen qui, ne pouvant payer ses dettes, devient esclave de son créancier. Bref, un nexus, c’est «un ensemble complexe», vous, moi, tout le monde, dès lors qu’on absorbe et recrache à chaque instant une foule d’éléments hétérogènes dont on a plus ou moins conscience.
La dernière création de Joris Lacoste, qui entame un nouveau cycle après l’Encyclopédie de la parole commencée en 2017, est une forme ample, musicale, chantée, dansée, parlée, rythmée autant par la musique en live que par des bains de lumière extrêmement maîtrisés. L’infini du monde tient-il sur un plateau ? Eh bien oui ! Aussi bien «le sel de la vie», pour reprendre le titre d’un best-seller de Françoise Héritier