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Théâtre

Festival d’Avignon : «Nôt» de Marlene Monteiro Freitas, la nuit elle ment

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A travers un spectacle étrange et jouissif inspiré des «Mille et Une Nuits», Marlene Monteiro Freitas s’éloigne apparemment du conte pour en retrouver, grâce à une radicalité carnavalesque, la beauté primitive.
La radicalité de «Nôt» de Marlene Monteiro Freitas surprend alors que la forme carnavalesque s’est largement affadie ces derniers temps. (Christophe Raynaud de Lage/Christophe Raynaud de Lage)
publié le 6 juillet 2025 à 11h22

Une créature coprophage pète et chie avec force bruit dans les gradins. Une femme amputée de ses deux jambes portant un masque de cire danse frénétiquement devant quatre musiciens qui jouent de leurs timbales comme de banjos. Un pom-pom boy noir en jupette blanche slame au micro une incompréhensible tirade dont on saisit à peine les mots : «Bienvenue à toutssss». Le spectacle de la Capverdienne Marlene Monteiro Freitas, artiste associée de cette édition avignonnaise, en aura déconcerté plus d’un parmi le public de cette première – on a entendu des huées, suivies d’applaudissements dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas rempli la vaste cour du Palais. Pourtant ce spectacle hermétique à bien des égards, mais vaste, profond et excitant l’a remplie, lui, abolissant dans un mouvement de carnaval bien des barrières, sur scène et dans la salle.

Des corps qui se déchaînent pour survivre

Il faut sans doute pour aimer Nôt se débarrasser de ses attentes et faire sauter quelques verrous. D’abord oublier que