Alors on aime ou on n’aime pas One Song de la plasticienne chorégraphe belge Miet Warlop ? Qui accepterait de répondre à notre place à l’interrogation basique ? Question stupide car évidemment tel n’est pas le sujet : bien sûr qu’on déteste être confrontée à nos propres limites sensorielles – l’ouïe outragée par une cacophonie puissante malgré les bouchons d’oreille distribués à l’entrée –, et encore plus assister à ce qu’on suppose être la souffrance de la douzaine d’acteurs-performeurs-musiciens pris dans une gestuelle de plus en plus épuisante et qui finissent tour à tour par s’affaler sur des matelas, telle des loques, durant la dernière demi-heure – il y a un gagnant à cette lutte, celui qui reste, titubant, incapable de s’arrêter, continuant à tourbillonner en toupie sur lui-même, de plus en plus lentement, jusqu’à ce qu’enfin le mouvement s’arrête, ou plutôt qu’il le suspende en faisant taire le métronome.
«Boule d’énergie»
Oui, mais tout de même : trouve-t-on du sens à ce qui semble être une allégorie de la compétition – le toujours plus quoi qu’il en coûte, le au-delà des limites jusqu’à ce que mort s’ensuive – que nous imposeraient à la fois l’économie libérale et un mauvais génie personnel absurde impossible à satisfaire ou à liquider ? Miet Warlop nous propose-t-elle une version arty du fameux On achève bien les chevaux de Sydney Pollack avec Jane Fonda et Michael Sarrazin, sorti en 1969, soit presque dix ans avant sa naissance, et qui montre au cœur de la Grande Dépr