Nous sommes priés de déposer nos sacs avant de rentrer dans la salle où se joue One’s own room inside Kabul, et d’enlever nos chaussures. A l’intérieur, face à face, deux rangées de spectateurs assis sur de longues banquettes de coussins rouges, de part et d’autre d’un tapis persan et de vaisselle en céramique – quelques assiettes, une grande cruche aux contours tremblés dessinées par l’artiste afghane Kubra Khademi. En hauteur, des amplis transmettent les bruits d’un repas qu’on prépare, les bribes de conversations de femmes et d’enfants. La pièce n’est pas très grande. La porte se ferme et nous laisse seuls.
Face à face, les deux écrans s’allument et ce qu’on y voit (des tuyaux, une cheminée en zinc ?) a la silhouette d’un mirador. Une voix de femme, presque enjouée, s’élève à travers les amplis de notre salon : «Ici, c’est ma chambre c’est un endroit où je me sens en sécurité.» Pendant une heure, cette jeune femme va témoigner de la vie sous le régime des talibans, depuis son appartement de Kaboul, dont elle ose à peine sortir. L’enregistrement est constitué d’un montage des messages vocaux envoyés par Raha, une Afghane âgée de 21 ans lors de la prise de pouvoir des talib