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Spectacle

Festival d’Avignon : «Prélude de Pan», regarder les champs tant qu’il y en a

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Après «Que ma joie demeure» en 2023, la nouvelle pièce en déambulation de Claire Hédouin, qui change de décor scène après scène, mêle le superbe texte de Jean Giono publié en 1929 aux témoignages inquiets et anxieux d’agriculteurs locaux.
«Prélude de Pan» d'après Jean Giono, mise en scène par Claire Hédouin, au Festival d'Avignon. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
publié le 14 juillet 2025 à 17h51

Et nous voilà tous assis sur nos pliants à contempler un champ. En rangs d’oignons, au doux rayon doré du soleil de fin de journée, à regarder des tournesols pousser. La voix du comédien porte, résonne et rebondit contre un petit muret de pierre : «Jacquou, le vieux du village avant envie de viande et de sang.»

Prélude de Pan est une pièce en déambulation. Rendez-vous est donné près du parking. Première station dans la plaine de l’Abbaye où, il n’y a pas si longtemps, on faisait pousser des légumes dans cette terre fertile où s’enfoncent les pieds de nos petits sièges. Scène après scène, on change de décor : ici, à la lisière du bois, puis à la queue leu leu, en se prévenant poliment les uns les autres de ne pas buter sur une racine, près d’une grande table de ferme et ses deux chaises dans une clairière. Les comédiens surgissent de derrière une haie ou d’entre deux rangées d’épis, le frôlement du vent dans les feuilles les accompagne.

Faire pièce aux cigales

Au cœur de la pièce, un texte, superbe, de Jean Giono de 1929, à chemin vers le fantastique, le Prélude de Pan : un homme à tête de chèvre venge une colombe blessée par un bûcheron en plongeant les habitants d’un village dans de terribles bacchanales. A leur corps défendant, ils dansent et tressautent, ils pissent et poussent «des gémissements d’herbes perdues» et s’unissent aux bêtes «poils contre écailles». Mais Clara Hédouin, qui avait présenté