Et nous voilà tous assis sur nos pliants à contempler un champ. En rangs d’oignons, au doux rayon doré du soleil de fin de journée, à regarder des tournesols pousser. La voix du comédien porte, résonne et rebondit contre un petit muret de pierre : «Jacquou, le vieux du village avant envie de viande et de sang.»
Prélude de Pan est une pièce en déambulation. Rendez-vous est donné près du parking. Première station dans la plaine de l’Abbaye où, il n’y a pas si longtemps, on faisait pousser des légumes dans cette terre fertile où s’enfoncent les pieds de nos petits sièges. Scène après scène, on change de décor : ici, à la lisière du bois, puis à la queue leu leu, en se prévenant poliment les uns les autres de ne pas buter sur une racine, près d’une grande table de ferme et ses deux chaises dans une clairière. Les comédiens surgissent de derrière une haie ou d’entre deux rangées d’épis, le frôlement du vent dans les feuilles les accompagne.
Faire pièce aux cigales
Au cœur de la pièce, un texte, superbe, de Jean Giono de 1929, à chemin vers le fantastique, le Prélude de Pan : un homme à tête de chèvre venge une colombe blessée par un bûcheron en plongeant les habitants d’un village dans de terribles bacchanales. A leur corps défendant, ils dansent et tressautent, ils pissent et poussent «des gémissements d’herbes perdues» et s’unissent aux bêtes «poils contre écailles». Mais Clara Hédouin, qui avait présenté