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Cirque

Festival d’Avignon : «Qui som ?» de la compagnie Baro d’Evel, un peu barré

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Pour sa première création au Festival, la compagnie franco-catalane fait résonner rires fous, énergie politique et beauté formelle, avec parfois un air de déjà-vu.
Dans le spectacle «Qui som ?», les corps s'effondrent les uns sur les autres sur un sol de boue. (Christophe Raynaud de Lage/Christophe Raynaud de Lage)
par Laurent Goumarre, envoyé spécial à Avignon
publié le 4 juillet 2024 à 16h19

Qui som ? Le titre pose la question en catalan, ils seront douze sur scène plus une enfant, et un chien, pour ne pas y répondre ; leur présence fait acte, ils, elles sont tout à la fois danseurs, circassiens, plasticiens, céramistes, clowns, chanteurs qui se présentent face public, en noir, ça ne va pas durer. Mais d’abord le plateau : superbe installation d’une dizaine de vases en terre cuite blanc cassé alignés sur socles noirs, une rangée à cour, une autre à jardin, symétrie parfaite pour une pièce qui va tout déranger. Au centre, un monticule de bosses, ou de collines, ou cumulus de mauvais présage, imaginez une immense piñata noire et boursouflée parce qu’on va tout défoncer.

Tour de Babel foutraque

Premier geste, il est catastrophique donc burlesque, et l’inverse est vrai, un type bouscule un vase qui se brise à l’avant-scène. Première chute d’une longue série, où les corps vont s’effondrer les uns contre-après-dans les autres sur un sol de boue. Tomber, se relever pour encore chuter, mais, on commence à le percevoir, avec pas mal de virtuosité, ces hommes et ces femmes sont des pros de l’effondrement. Même pas mal. Le public éclate de rire, une danseuse aussi mais son rire est fou, les autres grimacent, yeux exorbités, bouche en apnée, tandis qu’une chanteuse déséquilibrée maintient vaille que vaille, le Cum Dederit de