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Libération
Mélancolie

Festival d’Avignon: «Sans tambour» de Samuel Achache, suivez le lied

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Le metteur en scène balade en musique son chagrin d’amour, de saynètes en numéros de cabaret.
Le comique de la pièce penche aussi bien vers Tati que Groucho Marx. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
par Lucile Commeaux
publié le 8 juillet 2022 à 18h16

Entre les pierres lourdes du cloître des Carmes, et sous les assauts d’un mistral particulièrement vengeur en cette première, une petite maison en pleine démolition sert de décor au désastre amoureux : un couple s’y affronte entre la vaisselle et la douche, drôle et banal comme au boulevard, à ceci près qu’en contrepoint les accompagne un petit ensemble de musique qui les double, les couvre, les contrarie, les console. Séparés finalement dans le fracas, ils mènent devant nous un petit bout de chemin, baladant leur chagrin d’amour jusque dans une clinique étrange où on propose d’extraire le désir.

Partition tenue

Samuel Achache, autrefois en compagnie de Jeanne Candel et désormais seul à la tête de sa compagnie, étreint pendant deux heures d’un spectacle fort aimable l’idée romantique, en la passant aux épreuves familières chez lui du pastiche et d’un détournement musical travaillé avec Florent Hubert. Sur une matière qu’on devine personnelle, il imprime principalement une forme, celle du lied de Schumann, répertoire de chambre par excellence dont le spectacle subvertit joyeusement la gravité, morceau bref brillamment décliné en théâtre : parfois sketch, parfois saynète, parfois numéro de cirque ou de cabaret. Les fragments pullulent et se mêlent sur une scène envahie par les débris du chantier – briques de placo, poussière blanche, poutres précaires et bouts de meubles – dans un tourbillon dont le foutraque est parfaitement réglé.

Comme toujours chez Achache, la partition est tenue, et