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Séances spéciales

Festival de Cannes 2024 : «La Belle de Gaza» de Yolande Zauberman retient la nuit

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Cinq ans après «M», Yolande Zauberman part à la poursuite d’une légende, celle d’une femme trans qui serait venue à pied à Tel-Aviv depuis Gaza. Une enquête prétexte à une galerie de portraits nocturnes et sensibles, éclairant les existences transgenres en Israël et Palestine.
«La Belle de Gaza» de Yolande Zauberman vient mettre un point final à sa «trilogie de la nuit». (Pyramide Films)
publié le 17 mai 2024 à 19h53

Yolande Zauberman choisit généralement les endroits les plus hasardeux pour aller se balader avec une caméra. Là où il y a fracture, tabou, peur, couvercle de silence, étanchéité communautaire, religion contre religion, violence contre liberté. Les questions intimes que personne de raisonnable ne s’aventure à poser, qui déclenchent chaque fois les rires d’incrédulité, les coups d’œil nerveux pour voir qui est susceptible d’écouter, c’est celles-là mêmes qu’elle décide de poser. On s’en souvient, en 2012, dans Would You Have Sex With an Arab ?, tourné aux abords des boîtes de nuit de Tel-Aviv ou dans les ruelles de Jérusalem, cette entrée en matière simple comme shalom : «Vous feriez l’amour avec un arabe ?»

Cinq ans après M, portrait d’un enfant violé dans sa communauté hassidique de Bnei Brak, la Belle de Gaza vient mettre un point final à sa «trilogie de la nuit». Un projet documentaire où l’éclat des visages s’attrape toujours dans le noir, la parole entre à flots dans les endroits où on la sait contrainte ou impossible, lumière contre ténèbres.