Ysanis Padonou a 27 ans, elle se tient droite, corps sculptural, et d’une voix si articulée qu’elle en devient trouble, elle relate son histoire. Comme tout le monde dans cette édition riche en récit de soi sur tous les plateaux ? Pas tout fait. Ysanis Padonou, ancienne élève au Théâtre national de Strasbourg qu’on a vue récemment dans l’Hôtel du libre-échange de Nordey, a peu de temps à perdre pour, dans le désordre, vivre, travailler, délivrer son art, aimer et être aimée. Faire des enfants ? Sans doute que non. Elle est atteinte, comme sa mère et son grand-père qui en est mort, de la maladie de Huntington, sorte d’Alzheimer précoce qui s’attaquera, peu ou prou, sans qu’il soit possible de savoir d’avance quand et à quelle vitesse, à ses fonctions motrices et cognitives.
Elle montre son oreillette. Elle parle distinctement. Mais si personne ne lui souffle son texte, elle sait que très vite, elle se mettra à dire un mot pour un autre, bouton à la place de bonbon, à ba