«Pourquoi voulez-vous faire du théâtre ?» La question a été posée à Dolo, Aurélien, Jeanne, Rita, Côme, Igaëlle et Lisa, en fin de formation d’art dramatique à l’Ecole des Teintureries de Lausanne. Aujourd’hui, l’école a fermé, ils sont au centre de la scène immaculée, un grand écran vidéo derrière eux, deux bancs pour seul décor ; il n’en faut pas plus, la parole va prendre toute la place. Cette question sur l’origine d’une vocation artistique, l’auteur et metteur en scène se l’est déjà posée, depuis longtemps : Ahmed Madani, pas de formation, pas d’art à la maison, le père analphabète et la mère qui pose le constat : «Au bled, les études n’étaient pas pour nous, c’était pour les Français, nous, on allait faire le ménage chez eux.» Cette question, Ahmed Madani y répond au moins depuis 1985, année de la fondation de sa compagnie. Mais a-t-elle seulement une réponse ? Les sept interprètes tentent le coup en revenant sur leur roman familial, quel que soit leur milieu social. Côme Veber est fils de bourgeois, droite classique, les parents mariés par Nicolas Sarkozy avec photo de mariage diffusée à l’appui ; Rita Moreira vient d’une famille «inculte» homophobe, démente.
Alternance entre récit de soi et chanson
Ce qu’ils ont en commun ? La colère, les mots constipés qui ne sortaient pas, des histoires de vie ou de mort qu’on entend au pied de la lettre : Dolo