Un cadeau ! On a oublié d’où vient le titre et à qui est destiné le cadeau, mais pas l’étrangeté de cette première création qui nous mène, sans aucun décor, dans une forêt que l’on distingue pourtant très bien, arbre après arbre, rocher après rocher, brindille après brindille, et tiens, même cet endroit plein d’orties et de ronces qu’il faudrait éviter. D’où provient l’hallucination ? De quel champignon déniché dans quel sous-bois ? Et bien, comme souvent mais rarement au théâtre, de la minutie du travail sonore, bruits de pas sur les feuilles mortes, pépiements, hululements, agitations de bestioles non identifiées et d’autant plus présentes. Les trois nous regardent, deux hommes, une femme. Cette dernière, dans la posture de l’agacement maximum – Juliette Vernerey, surréelle dans son short rose en éponge. Maky – très bon Maky Grochain – a encore mangé tous les sandwichs ! Il ne leur reste qu’un peu d’eau dans une «gourdasse». «C’est beau», disent-ils en chœur en nous découvrant, nous, le public halluciné, dans lequel s’est égaré un marcassin. Un vrai marcassin ? Lequel, apprend-on sans y avoir jamais songé avant le spectacle, ne verra jamais une étoile de sa vie car sa nuque n’est pas articulée.
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Gestes un chouïa exagérés, voix qui se décalent légèrement : de quelle matière sont constitués ces trois êtres perdus en forêt ? Leurs voix sortent-elles bien de leur corps ? Sont-ils vivants ou des hologrammes ? La référence obligée est bien sûr l’Invention de Morel