Alors que sur la place des Quinconces, à Bordeaux, deux fois l’an, la fête foraine fait le plein (d’ivresse, de vertiges, de rires et de sucre), le CAPC, centre d’art contemporain situé à deux pas, fait mine, cet hiver, d’organiser la sienne sous la forme d’une exposition qui prend ces lieux de divertissement populaire comme objet de curiosité, d’inspiration, de réflexion. Or, à Paris, au CentQuatre, un autre show se saisit du même modèle en en épousant toutefois plus étroitement les formes, les odeurs, le goût et les couleurs. La Foire foraine d’art contemporain promet la totale à un public auquel il est permis de chevaucher des œuvres en forme de manèges, de grimper dans les wagonnets d’un train fantôme peuplé de sculpturales atrocités, viser dans le mille de cibles stylisées ou se goinfrer de gaufres cuites dans des moules signés Invader. Elle propose donc des pièces qui se moulent dans les formats et les dispositifs en vigueur dans les fêtes foraines.
Jouet un peu cassé
A Bordeaux, on ne touche pas et on ne joue pas. Les œuvres mises en scène dans Barbe à papa ont, elles, en commun de fêler le moule original pour en montrer les débris, les anomalies, les pans cassés, les rêves brisés, les indigestions de sucre et de graillons, les éblouissements causés par les néons trop vifs. Sans d’ailleurs se draper dans une posture critique qui verrait la fête foraine tout en noir. Au contraire. L’expo semble contempler son jouet un peu cassé, à la fois perplexe, écœurée, mélancolique ou s