C’est difficile à croire vu d’aujourd’hui, tant son nom paraît sanctifié et sa musique appartenir au patrimoine des splendeurs universelles, mais le premier album de Nick Drake s’est écoulé à sa sortie à moins de 3 000 exemplaires. Ce disque, Five Leaves Left, paru le 3 juillet 1969 sur Island Records, label pourtant en vogue sur le front du folk anglais, demeure l’un des échecs les plus cruels de cette fin agitée des années 60, et les deux suivants, Bryter Layter (1971) et Pink Moon (1972) ne connaîtront pas meilleure fortune. Ce chapitre inaugural d’une histoire vite avortée et tragique bénéficie aujourd’hui d’un coffret intitulé The Making of Five Leaves Left, renfermant 4 CD ou vinyles ainsi qu’un riche livret illustré. Il en détaille la gestation complexe en révélant plusieurs dizaines de maquettes, de sessions de travail et de prises alternatives, ainsi que certains titres mis au rebut et dévoilés ici pour la première fois.
Le résultat d’une quête entamée il y a presque dix ans, en 2016, que l’on doit à quelques bénédictins toujours pas revenus des foudres provoquées par ces chansons, qu’heureusement le temps a remis à leur juste place, bien après toutefois le suicide du chanteur anglais en 1974. Supervisé par la sœur du défunt, l’ex-comédienne Gabrielle Drake, ce projet de longue haleine rappelle par sa ténacité et son souhait du détail ce que fut l’album lui-même, dont la mise au monde nécessita de long mois sous la surveillance active d’u