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Exposition

Florence Jung à la Fondation Pernod Ricard, vide fait bien fait

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L’artiste fait disjoncter le réel en incrustant «huit situations scriptées» dans les espaces déserts de l’exposition et chorégraphie les déplacements des visiteurs qui retrouvent un rôle actif.
Florence Jung a piqué la typo du «New York Times», gage de sérieux.
publié le 15 décembre 2024 à 16h43

«Tout est réel.» Glissée discrètement dans le pli du livret de visite, la mention agit d’abord à contre-emploi, comme une alerte. Restons sur nos gardes. D’autant qu’un autre contrefeu s’est allumé un peu plus tôt, clignotant en grosses lettres au fronton de l’exposition : «Florence Jung», peut-on lire noir sur blanc dans une fonte gothique reconnaissable entre mille. Piquée au plus insubmersible des quotidiens américains, phare dans la nuit des fake news à l’ère de Trump-le-retour – j’ai nommé le New York Times –, la typo s’impose d’emblée comme un gage de sérieux. Deux garanties pour le prix d’une. Il n’en fallait pas plus pour nous mettre en confiance, ou au contraire pour l’ébranler. Car dans cette géniale expo de Florence Jung, comme dans tous ses projets précédents, il faut accepter d’avancer à tâtons et de jouer un jeu dont on ne tire pas toutes les ficelles.

«L’eau du bain d’un homme d’âge moyen»

Et d’abord, ce qui saute ici aux yeux ici, c’est le vide : les cimaises entièrement nues, à peine quelques marques au sol et une porte automatique récalcitrante, parfaitement fondue dans le décor. Le vide et aussi, en revers de médaill