Lors de notre dernière rencontre, en mars 2023, Mathieu Belezi était, à 69 ans, un auteur encore méconnu. Certes, pour son dernier livre, Attaquer la terre et le soleil, il venait de remporter le prix littéraire du Monde mais il n’avait pas encore obtenu le prix du livre Inter qui, en juin 2023, l’a propulsé d’un coup dans les meilleures ventes et lui a assuré une notoriété tardive, lui qui avait pourtant une œuvre riche et solide à son actif. Son nouvel éditeur, Frédéric Martin, fondateur du Tripode, avait ressenti un tel coup de foudre pour ce court et puissant roman qui racontait les premières années de la colonisation française en Algérie, qu’il avait décidé de republier la plupart des livres de cet auteur installé à Rome pour fuir les mondanités littéraires qu’il exècre. Belezi était alors heureux de sortir des limbes dans lesquelles il pensait être encalminé à jamais mais il subsistait dans son regard la lassitude de celui qui n’y croyait plus ou plutôt la peur de se réveiller brutalement de ce rêve et de retomber dans l’anonymat. En ce matin de mars 2024 à Paris, c’est un autre homme que nous rencontrons, volubil