En ces temps de quasi-krach boursier trumpien, une phrase sibylline est lâchée dans les couloirs de l’Hôtel de la monnaie, à Paris : «Il y a un cours du Mathieu.» On fronce le sourcil, puis tout s’éclaire : chez les numismates (les collectionneurs de pièces de monnaie), on s’échange la pièce de 10 francs dessinée par l’artiste iconoclaste Georges Mathieu - qu’on appelle donc «le Mathieu». C’est son œuvre la plus célèbre, diffusée à 674 millions d’exemplaires entre 1974 et 1987 : côté pile, une grue et des haubans de ponts dessinent un portrait pompidolien de la France. Côté face : le pays semble subir une déflagration aux alentours de Paris. En peinture aussi, la cote de Mathieu a fluctué.
Omniprésent dans les années 70, déchu dans les années 80, médiatique à la manière d’un Dali, méprisé par les historiens de l’art et une partie des institutions, Georges Mathieu, l’un des fondateurs de l’abstraction lyrique, reprend des couleurs sur le marché depuis quelques années – en 2018, le galeriste Daniel Templon avait organisé une première exposition personnelle du peintre. Il fait actuellement l’objet d’un grand accrochage à la Monnaie de Paris, en collaboration avec le centre Pompidou, ce qui pourrait parachever sa réhabilitation, au moins sur les marchés étrangers.
«Il est partout»
Georges Mathieu (1921-2012), c’était aussi le logo d’Antenne 2 rouge et vert pomme (avec toujours ce