Un écrivain meurt, on croit que tout est fini, mais trente ans plus tard, une bouture apparaît. Un récit dormait dans les archives familiales laissées après sa disparition par Georges Navel (1904-1993). Pas un rogaton, un texte qu’il avait couvé et songé à publier. Contact avec les guerriers raconte son expérience de la drôle de guerre. Cet inédit paraît aux éditions Plein chant, au moment même où son œuvre suscite une petite effervescence : sur les six livres sortis de son vivant, trois reviennent en librairie. Gallimard réédite Parcours (1950) avec des préfaces de Sylvain Prudhomme et Mattia Félice, et aussi Près des abeilles, recueil d’extraits de Chants pour un royaume (1960) préfacé par Jean Giono, dans lesquels il raconte la vie champêtre et son séjour à la coopérative végétalienne de Bascon. L’Echappée ressort Passages (Le Sycomore, 1982), précédé d’un article de Roméo Bondon dans la revue Ballast. Voilà largement de quoi se (re)plonger dans cet auteur singulier, issu de la classe ouvrière, qui racontait sa vie comme un roman, pensait le travail comme émancipateur mais refusait l’étiquette d’écrivain prolétaire. «Je ne me sens pas plus ouvrier que Paul Valéry», disait-il.
Réflexion ascétique
En préface à Parcours, Sylvain Prudhomme ne ménage pas ses mots : «Il faut lire Georges Navel. Je n’ose écrire qu’il faut le relire car qui l’a lu ? Qui aujourd’hui sait la beauté de ses livres admirés à l’époque par Jean Giono et bien d’autre