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Critique

«Goldman» d’Ivan Jablonka : acte manqué

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En sortant régulièrement de ses gonds d’historien pour se faire défenseur apologiste du chanteur qu’il admire, Ivan Jablonka passe à côté du grand livre qu’il aurait pu écrire sur les années 80.
Ivan Jablonka à Paris, le 19 juillet 2023. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 16 août 2023 à 20h24

Un artiste, une œuvre, peuvent être sujet de discorde, voire de déchirement politique. Quand bien même ils ne portent pas explicitement d’idée politique en soi : on le sait plus précisément depuis que Pierre Bourdieu a publié, en 1979, la Distinction, critique sociale du jugement qui analysait de quelle manière les goûts et les élections culturelles d’un individu, mais également la hiérarchie des expressions, sont affaires de classe et de capital culturel. Très nettement, Goldman d’Ivan Jablonka est, à l’instar d’autres (on songe à Pourquoi les autres ont-ils si mauvais goût, formidable ouvrage du Canadien Carl Wilson sur le cas Céline Dion), enfant du classique de Bourdieu. Un livre d’histoire de France, celle des années 80-90, par le biais d’une ligne de scission bien plus que d’une concorde, quand bien même son objet d’étude, Jean-Jacques Goldman, est l’artiste le plus populaire de son temps. Récit biographique d’un «être d’histoire», c’est-à-dire vu en lien avec les «institutions et les collectifs à travers lesquels s’est exprimée sa singularité», c’est un essai sur la manière dont le chanteur a été honni autant qu’adoré, sur ceux-là mêmes qui ont porté la critique ou l’adulation, et ce que cette démarcation a pu signifier à l’époque, au bout d’une décennie de lutte et de passion politique, celle de l’après Mai 68.

Ivan Jablonka s’inclut dans son étude

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