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Grâce à Simon Leys, Mao et ses fidèles peuvent aller se rhabiller

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Diffusé ce samedi 3 février sur Public Sénat, le documentaire inédit de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler retrace le parcours du clairvoyant sinologue qui a dénoncé dans les années 70 les crimes et les mensonges du maoïsme malgré les critiques et la haine des intellectuels.
Une délégation chinoise devant l'ambassade chinoise de Londres tient un portrait de Mao Zedong et agite des exemplaires de son «Petit Livre rouge» dans les airs lors d'une manifestation, en 1967. (C. Maher/Getty Images)
publié le 3 février 2024 à 9h13

Dans la catégorie dézingage, c’est un moment de choix. La scène se passe le 27 mai 1983 sur le plateau d’Apostrophes, alors la grand-messe du livre ordonnée par le pape des lettres Bernard Pivot. Ce jour-là, il reçoit quatre invités pour parler des «intellectuels face à l’histoire du communisme». Parmi eux, la journaliste, écrivaine et femme politique italienne Maria-Antonietta Macciocchi qui vient de publier Deux mille ans de bonheur, un ouvrage sur son compagnonnage avec la gauche communiste et ses voyages, notamment en Chine. Face à elle, un inconnu ou quasi : Simon Leys, sinologue averti et lucide, précis et rigoureux.

Sans violence mais non sans esprit, l’intellectuel cingle la passionaria maoïste pour son précédent ouvrage De la Chine. «Je pense que les idiots disent des idioties, comme les pommiers produisent des pommes. C’est dans la nature, c’est normal. Le problème, c’est qu’il y a des lecteurs pour les prendre au sérieux, commence Leys. Prenons le cas de Mme Macciocchi. […] De son ouvrage De la Chine, ce qu’on peut dire de plus charitable, c’est que c’est d’une stupidité totale ; parce que si on ne l’accusait pas d’être stupide, il faudrait dire que c’est une escroquerie.» Puis Leys démonte une thèse avancée par l’autrice : dire que le «maoïsme, c’est la rupture avec le stalinisme, ça va à l’encontre de toute évidence historique connue