
Grand entretien
Anouk Grinberg sur les traumatismes vécus depuis son enfance : «C’est bien pratique pour les prédateurs de faire passer une femme pour folle»
Respect, peut-on lire sur la couverture du récit d’Anouk Grinberg, sur une photo par Sarah Moon en noir et blanc, où elle pose bras serrés. Respect pour celle qui entreprend de relater non pas la totalité de sa vie, mais une part sombre, et s’oblige à soulever la gangue d’une série d’agressions sexuelles ou crimes afin de décrire leurs répercussions. Autant que faire se peut, Anouk Grinberg évite le registre plaintif sans rien éluder, par la grâce de ses formulations acérées. Cela débute à la campagne dans les années 60 et 70, dans une famille fortunée et intellectuelle. Anouk est la dernière de la fratrie de quatre enfants livrés à eux-mêmes sous couvert de liberté. Leur mère, gravement dépressive, enchaîne les hospitalisations d’où elle revient dans un état toujours pire. Son père, l’homme de théâtre Michel Vinaver, PDG le jour, écrivain la nuit, manque entre autres de temps. Sous le «cagnard de solitude», des prédateurs rodent. L’entretien a lieu un mardi après-midi chez Julliard, la maison qui publie Respect ce jeudi 3 avril. L’inquiétude n’empêche ni le calme, ni la générosité, ni la précision chez Anouk Grinberg.
Dans Respect, vous décrivez une impressionnante mainmise sur le corps des femmes. Il y a la stérilisation f