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Gwenaëlle Aubry, tranches de Covid

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Zone Base vie», la philosophe et romancière pénétre dans un immeuble fictif qui concentre la diversité de la société.
A chaque étage, ses personnalités avec ses phobies, ses passions, ses manques, ses faiblesses. (Lilian Cazabet/Hans Lucas. AFP)
publié le 26 octobre 2024 à 13h02

Il en fallait du courage pour exhumer, disséquer, décrypter une période que beaucoup souhaitent oublier, cette pandémie qui, d’un coup, a figé le monde entier dans une situation d’attente permanente : d’un traitement, d’un vaccin, d’une autorisation de sortir, de marcher, d’étudier, d’aimer ou de dire adieu à nos morts. Gwenaëlle Aubry n’en manque pas, elle n’a jamais hésité à se confronter à des sujets difficiles. C’est qu’elle est aussi philosophe et, à ce titre, capable de prendre du recul sur les événements et d’en restituer la substance comme la leçon de vie.

Dans Zone base vie, son dernier roman, c’est une sacrée leçon de vie que l’on reçoit en pénétrant dans cet immeuble fictif qui concentre la diversité de la société. Il y a là une enfant dont les parents viennent de se séparer, un vieux monsieur solitaire qui vient de retrouver son amour de jeunesse, un entrepreneur complotiste, une étudiante, un ouvrier du bâtiment, une avocate, une femme enceinte dont le mari devient fou… Au début, on lit leurs portraits comme de courtes nouvelles qui, chacune, contiennent un monde en soi. Et puis, au fil des pages, les liens se nouent ou se dénouent, les personnages deviennent familiers, on s’attache à certains, notamment à Georges Szulewicz, au premier étage droite, notre préféré, dont on guette les aventures avec impatience.

«Garel, été 43. Tête d’or à tête de jais»

Le professeur Szulewicz est «un éminent helléniste dont les travaux sur la philosophie tardo-antique font autorité dans le monde entier». Mais