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Roman

Hajar Bali, les révoltés joyeux d’Alger

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Dans «Partout le même ciel», un trio en quête de sens et l’exploration des tourments de la jeunesse.
Vue depuis la Kasbah d'Alger. ( Idhir Baha/Hans Lucas. AFP)
publié aujourd'hui à 18h15

Algérie, années 2010. Dans un pays plombé par un pouvoir politique replié sur lui-même et sa rente pétrolière, la jeunesse crève de rêves impossibles, tiraillée entre poids des traditions et désirs d’autre chose mais de quoi ? À Alger, Wafa et Adel s’aiment d’un amour fou. À 17 et 20 ans, ils manquent d’argent pour quitter leur famille et partir loin du conformisme ambiant, bâtir une vie moins miséreuse que celle à laquelle ils sont promis. Ce sont des révoltés, mais des révoltés joyeux, la vie leur appartiendra s’ils trouvent le moyen de sortir de là. Alors ils décident de braquer une petite vieille. Et ils tombent très vite sur la perle rare qui revient du marché. «Celle-là, en plus, est coquette, songe Wafa sous la plume d’Hajar Bali. Boucles d’oreilles et souliers confortables. On s’est dit, elle doit être riche. Elle a les cheveux blancs, coiffés, bref l’allure distinguée, un peu comme une vieille française.» Ils la suivent jusqu’à son appartement, la bâillonnent et l’attachent, la laissent évanouie sur son lit et repartent avec quelques malheureux billets.

Tiraillé entre Dieu et les livres

Sauf que Wafa n’est pas une mauvaise fille. Rongée par la culpabilité d’avoir peut-être tué cette pauvre femme, elle retourne avec Adel à l’appartement. Et là, les deux adolescents tombent nez à nez avec le fils de la victime, Slim. Un drôle de type, paumé lui aussi, la quarantaine. Prof de philo à la fac, il vient de démissionner («je ne trouvais plus aucun plaisir à donner mes cours à des imbéciles