Il y a les beaux films faciles et les beaux films difficiles. Un beau film facile se déploie avec un classicisme qui semble relever de l’évidence, un beau film difficile réserve jusqu’au bout notre jugement sur lui. C’est du reste expressément le sujet de Harvest : le jugement. Quatrième long métrage magnifique d’Athiná Rachél Tsangári (The Slow Business of Going, Attenberg, Chevalier), cinéaste grecque, rare et révoltée, son cher sujet est aussi son seul problème : comment faire politiquement un film politique qui ne débite pas une leçon trop lisible ni trop cadrée, et qui tienne cependant ses promesses, s’en tenant à son seul jugement, à l’artisanat ? Cela complique en route de se faire une bonne ou mauvaise idée de lui, de juger qui est bon et qui est méchant dans l’histoire, raciste et tolérant, ce que c’est que ce spectacle d’une moisson grandiose, ce kaléidoscope psychédélique. Rien d’un chef-d’œuvre indiscutable, il y a de l’à-peu-près virtuose dans ce grand film instable : Harvest est lourd et constamment splendide, maîtrisé et accidenté, d’une liberté formelle qui ne redoute pas grand-chose. Le plus proche film à
Cinéma
«Harvest», combat de Scots
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«Harvest» est lourd et constamment splendide, d’une liberté formelle qui ne redoute pas grand-chose. (Sixteen Films. Shellac)
par Camille Nevers
publié le 15 avril 2025 à 17h06
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