Tout comme la lumière perce au bout du tunnel – et de cette lumière surgissent les couleurs, le renouveau émerge d’une pandémie. Il en fut ainsi de la découverte de la théorie des couleurs par Isaac Newton : alors que la peste noire s’abat sur Londres en 1665, l’université de Cambridge ferme ses portes. Le jeune Newton se confine alors à Woolsthorpe, son manoir d’enfance en Angleterre, où la légende veut qu’il y développe les questions au cœur de ses recherches scientifiques et de ses découvertes inouïes. C’est avec cette histoire en tête que le photographe japonais Hiroshi Sugimoto a vécu la fermeture de ses dernières expositions pendant l’épidémie de Covid au Japon, où il a dévoilé, dans des accrochages très vite annulés, de superbes tirages taillés dans le prisme de la lumière. «Le monde n’est pas toujours complètement mauvais», se rassure-t-il dans une vidéo solennelle à propos de sa dernière série Opticks. On la découvre à la galerie Marian Goodman – précipitez-vous, car elle se termine fin mai –, elle s’y déploie magistralement.
Piscines de pigments
Véritable ode à la vie, feu d’artifice du regard, de grands tirages rouges, jaunes, verts, bleus, pulsent leur texture poudrée dans l’espace et le silence. Les photographies, des monochromes carrés sculptés dans la matière même du rayonnement lumineux, affichent aussi des dégradés noir-vert-jaune, rouge-jaune-vert ou même bleu nuit : l’œil y plonge avec joie comme dans des piscines de pigments, avec un clin d’œil à Piet Mondrian et