On rêvait du retour d’Il Trittico à l’Opéra de Paris, où l’ouvrage n’avait pas été donné depuis 1987, et son directeur Alexander Neef l’a offert à Bastille, avec un spectacle vibrant et somptueux, coproduit par le festival de Salzbourg qui l’a dévoilé en 2022. Riche idée du metteur en scène, Christof Loy, que d’avoir modifié l’ordre des ouvrages composant le triptyque puccinien pour en faire un voyage profondément humain – de la farce Gianni Schicchi à la déchirante tragédie Suor Angelica, en passant par le drame vériste Il Tabarro – soutenu, de surcroît, par une direction d’acteurs aussi juste que discrète. Vrai soulagement, ensuite, de voir des gens de métier et de goût — le décorateur Etienne Pluss, la costumière Barbara Drosihn, le chef lumières Fabrice Kebour — œuvrer en finesse pour transporter successivement le spectateur dans la Florence du XIIIe siècle, les quais de Seine du début du XXe et un couvent près de Sienne au XVIIe siècle.
Fermeté du tempo
Rendre justice aux pages orchestrales parmi les plus raffinées de Puccini, à la précision horlogère de leurs rythmes et à leurs alliages de timbres crypto-ravéliens, nécessite, enfin, un vrai chef de théâtre, et l’on n’a pas été déçu, après son