Ouhlala, grâce aux IA, on peut générer une image de Nicolas Sarkozy ressemblant à Mon voisin Totoro, c’est rigoloooo ! Même si Hayao Miyazaki, célèbre créateur japonais de films d’animation, inventeur de Totoro, ne touche pas un centime de droits d’auteur pour avoir entraîné la machine ? Après la mise en ligne mercredi de la dernière mouture d’intelligence artificielle générative ChatGPT d’OpenAI, de nombreux internautes ont généré sur les réseaux sociaux des images visiblement inspirées du style des Studio Ghibli. De quoi soupçonner, s’il y a encore lieu de le faire, la société américaine d’avoir entraîné ses modèles avec des milliers de contenus protégés par le droit d’auteur, sans demande de consentement, sans transparence, sans rémunération.
Zone grise
L’AFP le confirmait ce vendredi matin : la société américaine n’a pas passé d’accord de licence avec le studio japonais. Open AI reconnaît parfois le bien-fondé d’en passer : par exemple, l’entreprise a noué un partenariat avec le journal le Monde, qui l’autorise à entraîner ses machines avec ses informations en échange d’une rémunération tenue secrète. Reste que la législation en la matière navigue toujours en zone grise. L’une des porte-parole du géant de la tech a précisé à l’AFP l’éthique maison concernant l’usage des œuvres d’art pour entraîner ses modèles : «Nous empêchons la création de contenu inspiré spécifiquement d’artistes vivants, mais nous le permettons pour le style d’un studio, qui est plus large.»
Rappelons que les sociétés hégémoniques anglo-saxonnes récusent les accusations de pillages par les artistes et leurs ayants droit chaque roman de Patrick Modiano ou photo de Martin Parr ne pesant unitairement rien, ou quasi, dans le système général, les entreprises invoquent le «fair use», fameuse limitation aux droits exclusifs d’un auteur sur son œuvre. Et c’est bien l’intérêt général face à l’intérêt particulier de l’artiste qu’invoque encore la porte-parole d’Open AI : «Notre objectif est d’offrir aux utilisateurs autant de liberté créative que possible.» La Maison Blanche elle-même les en remercie. Jeudi, elle postait une image d’une ressortissante dominicaine interpellée pour trafic de stupéfiants transformée en dessin façon Ghibli. Le studio japonais, à cette heure, n’a pas encore communiqué autour d’une quelconque atteinte portée à son droit moral. Mais Open AI a opéré, depuis, un revirement en bloquant cette fonctionnalité pour les utilisations gratuites.