La découverte: Irko et Amne, bombe sonore
Que restera-t-il de tout ça ? Cette question, Irko et Amne se la posent tout au long de leur musique. Nouveaux visages de la scène rap underground française, ce duo composé d’un producteur (Amne, entendu avec le collectif Lyonzon ou, dans un registre plus grand public, Disiz) et d’un rappeur (Irko, né en Albanie puis arrivé en France à Lyon) tente en effet depuis trois années de traduire l’incertitude qui les entoure tout en brisant en mille morceaux les limites sonores du rap français. Après avoir collaboré pendant plusieurs années, notamment pour des morceaux d’Irko en solo, les deux musiciens ont décidé de signer à deux en ce début d’automne une œuvre aussi glaçante que fascinante qu’ils ont nommée Danger rapproché.
En vingt-trois minutes et dix titres, les textes du rappeur et les mélodies dessinées par son producteur semblent ne faire qu’un, pour donner un sentiment de danger constant à leurs compositions. En piochant des sonorités menaçantes autant dans le rap, les musiques industrielles, la techno ou même le rock, Danger rapproché raconte le pessimisme d’une génération qui, devant les conflits omniprésents, se réfugie aujourd’hui dans une musique qui traduit ses tourments et que le duo Irko/Amne a décidé d’appeler «warfare music», autrement dit, musique de guerre. Des rythmiques martiales de la techno aux sirènes stridentes de la musique industrielle, en passant par le flow menaçant d’Irko –très inspiré sur les métaphores militaires– ce premier mini-album ambitieux en duo semble vouloir faire passer un message : si le futur est loin d’être rose, il va bien falloir tenter de le célébrer. Quitte à le teinter entièrement de noir.
Irko, Amne Danger rapproché (Sublime /Scarpackage)
La playlist
Jewel Usain Je reste là
Extrait du premier album Où les garçons grandissent du rappeur d’Argenteuil. Un manifeste en clair-obscur. La mélancolie du beat donne un joli relief à une voix sensible où la poésie prend souvent le pas sur le réalisme.
Calling Marian Mes sœurs
La productrice électronique vient de sortir un album dont est extrait ce titre qui la résume parfaitement : inventif, mélodique avec des influences synthétiques 70′s, et ça fait danser. C’est bien l’essentiel.
Matias Enaut Danser sur l’eau
Un titre pas facile à mettre en pratique sauf pour les adepte de la lévitation. Un truc : la chanson électronique rêveuse de ce Basque installé à Paris est certainement un bon moyen d’y arriver.
Taste Pants Shitter
Bien malin celui qui saura définir le quatuor Taste, initié par les Français Yan Wagner et La Mverte. L’EP Pants Shitters, lui, sonne comme la rencontre entre Inspiral Carpets et Suicide dans une cave. Tout un programme.
Mock Media Madness
Ça part un peu dans tous les sens, comme sur le chouette premier album de ces Canadiens capables d’oscillations comme ici entre Talking Heads, Clash, et pastiche country. Le punk new-yorkais réinventé avec fraîcheur.