And so what ? En fin de compte, de quoi parle la dernière création de Yasmina Reza, James Brown mettait des bigoudis – le titre aurait été plus drôle avec James Bond –, que l’autrice met elle-même en scène au théâtre de la Colline, à Paris ? Qu’est-ce qui empêche la pièce de progresser, de quitter les rives de la juxtaposition de scènes portées par des acteurs pourtant géniaux ? Tout se passe comme si Yasmina Reza s’était stoppée dans un geste qui promettait d’être beaucoup plus acerbe sur… quoi au juste ? Les assignations identitaires aussi farfelues soient-elles ? La pointilleuse attention exigée à la sensibilité des minorités ? Les conventions d’une psychiatre folle d’elle-même, de son corps et son langage, qui ne freine jamais, ni en voiture ni ailleurs, car «freiner, c’est capituler» ? La difficulté d’être parents et d’accepter que ses enfants prennent des voies et voix qu’ils n’auraient jamais envisagé, si loin du petit «pitounet» adoré qu’ils étaient à un an ?
Nous sommes donc dans une maison de repos, au milieu d’un parc rempli d’arbres projeté au fond du grand plateau dépouillé. Est interné le jeune Jacob (Lescot, craquant) qui se prend pour Céline Dion et que la psychiatre (démente Christèle Tual) nomme Céline parce qu’il faut respecter son sentiment d’être Céline Dion. Jacob-Céline s’est fait un ami, Philippe, (Alexandre Steiger) un homme blanc persuadé d’être un homme noir. Ce dernier, qui s’enchaînera à un sycomore qu’il a planté, pens