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Jean-Charles de Quillacq, ses corps caverneux

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Dans une galerie du XXe arrondissement de Paris, le plasticien poursuit son dialogue avec l’anatomie, le mou et le sexe qu’il décline dans des propositions drôles ou introspectives.
«Dimwit», réalisé en 2023 et «Noodles», réalisé en 2023. (Aurélien Mole)
publié le 30 janvier 2024 à 4h26

Actuellement pensionnaire à la Villa Médicis, Jean-Charles de Quillacq élabore avec ses moyens, empiriques, une histoire du corps mou. Rome oblige, il explore un style apparu à la Renaissance que l’on baptisa morbidezza, référence directe à la maladie autant qu’à la notion plus positive de mollesse et de volupté. Chez Marcelle Alix, à Paris, où il expose actuellement un ensemble très articulé de sculptures, film et dessins (placé sous la bannière «Quillacq ouverte», déclinée d’expositions en expositions depuis dix ans), il continue de prendre soin de ce corps qu’il dépiaute, caresse ou soigne depuis des années. Moins conquérants qu’auparavant, les sexes masculins, ici, sont plutôt touchants, pointant le nez à la couture d’un slip de mannequin sans buste que Quillacq a patiemment enduit avant de le mettre au coin (à l’entrée de la galerie), ou se tenant bien campés sur leurs deux jambes maigrelettes mais assoupis comme un fruit trop mûr.

Sous toutes ses coutures

On pense à Moravia et à son drôlissime Moi et Lui (1971) dans lequel l’auteur entretenait un dialogue imaginaire avec son pénis, son bourreau. Chez Jean-Charles de Quillacq, le dialogue aussi est permanent, avec le sexe masculin en particulier, mais avec l’ensemble de ses sculptures en général, grandes alliées plutôt qu’ennemies jurées. Dans le film qu’il présente, dédoublé sur deux écrans comme s’il s’agissait d’un objet sculptural que l’on examinerait sous toutes ses coutures, on voit à l’écran l’artiste grimé en lui-même, port