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Jeu vidéo : «Mouthwashing», vaisseau spécial, génial et glaçant

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Le studio suédois Wrong Organ entremêle catastrophe, critique du capitalisme et drame social dans un jeu qui ne cesse de surprendre le joueur.
«Mouthwashing» cultive une esthétique du glitch, du bug visuel. (Wrong Organ)
publié le 18 janvier 2025 à 9h00

Dans l’ombre des blockbusters de Noël est sorti un petit jeu aussi terrifiant qu’admirable. Une histoire de science-fiction aux proportions modestes – durée de vie trois heures tout au plus – mais appelée à occuper l’esprit du joueur bien plus longtemps que ça, au point que terminer le jeu ne semble être qu’une partie de la vie de Mouthwashing. Le genre de jaillissement qui donne l’impression que toutes les voies n’ont pas encore été empruntées dans le jeu vidéo et qu’on peut s’emparer d’une histoire de manière radicalement différente de ce que pourront jamais faire un livre ou un film. Rien que ça.

La première habileté de la création des Suédois de Wrong Organ tient à sa manière d’enchâsser les catastrophes les unes dans les autres. Au premier abord, Mouthwashing est le récit du crash d’un vaisseau de fret. Un astéroïde est passé trop près, le navire s’est échoué et les cinq membres d’équipage n’ont plus que quelques semaines avant de se trouver à cours d’oxygène. En quête d’un moyen d’éviter que leur cargo ne se transforme en tombeau, ils forcent la soute dans l’espoir d’y trouver de quoi rafistoler leur machine ou au moins quelques antidouleurs pour assommer le capitaine, grièvement blessé au point que sous les bandages on ne distingue plus de lui qu’un œil. C’est là qu’apparaît pleinement l’absurdité de leur condition. Le vaisseau ne transporte qu’un seul et unique produit en des quantités infinies : du bain de bouche. Ce que dessine alors Mouthwashing