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Certes, de loin, l’étiquette «jeu de rôle installé dans l’univers de Donjons & Dragons lui donne l’air revêche d’un objet réservé à une frange d’irrédentistes barbus ne jurant que par le tour par tour. Mais le succès populaire surprise de Baldur’s Gate 3 l’extrait de facto de la niche dans laquelle il devait sagement se ranger, le grand public reconnaissant la création des Belges de Larian Studios à sa juste valeur : tout simplement l’un des jeux les plus fous de ces dernières années. Par son ampleur, par la richesse de sa narration, modulable à l’extrême, par son système de jeu d’une vertigineuse profondeur, par sa façon de respecter le joueur et ses choix. Un jeu rêvé.
Mais supposons que l’on souhaite se tourner vers autre chose (terrible erreur) ou que l’on ne dispose ni de PC, de console dernier cri. On pourra alors conseiller de s’aventurer dans les eaux de Dredge qui, sous ses atours d’inoffensive simulation de pêche, développe un vénéneux conte lovecraftien. Ou d’aller jouer les Champollion au côté des Toulousains de Rundisc dont le beau Chants of Sennar consiste à gravir une tour de Babel en perçant les mystères de ses langues hiéroglyphiques. Un grand casse-tête humaniste où il s’agit de poser les bases d’un système de communication, c’est-à-dire d’apprendre à lire l’autre et à apprécier sa façon de voir le monde. Oui, mais c’est un peu relou pour les enfants, non ? Certes.
Et le jeu vidéo est aussi un truc pour les gamins. Dans une année marquée par un Zelda (absolument génial), un Mario (impec), on conseillera de jeter un œil à Tchia, escapade ultra-colorée et écolo nourrie de folklore kanak. Et pour ceux qui ne jouent pas aux jeux vidéo parce qu’ils n’ont pas le temps, pas de console, il reste une issue de secours, qui peut se pratiquer avec un enfant sur les genoux : le génial Storyteller, disponible gratuitement si vous disposez d’un abonnement Netflix et d’un téléphone. Un casse-tête délicieux où il s’agit de réordonner les séquences d’un conte. Formidablement intuitive, la création de l’Argentin Daniel Benmergui réinvente la bande dessinée en jeu vidéo. C’est court, et tout simplement brillant.