Avant même d’évoquer cette direction artistique qui donne au jeu As Dusk Falls un caractère si ostensiblement singulier, il faudrait noter que la première création du studio londonien Interior Night se distingue en investissant un territoire d’une immense banalité mais étonnamment peu arpenté par le jeu vidéo : le thriller. Le polar de série B où se chevauchent prise d’otage, portrait de familles et de communautés en voie d’effritement. As Dusk Falls passe le plus clair de son temps le long d’une route poussiéreuse d’Arizona, et plus particulièrement dans un motel fané, point d’arrêt impromptu sur le chemin d’une nouvelle ville et d’une nouvelle vie. Un couple qui bat de l’aile, avec enfant et grand-père à charge, y cherche un garagiste. Au lieu de quoi ils se retrouvent ligotés, otages de trois frangins acculés par la police.
D’une scène à l’autre, le joueur est amené à passer des deux côtés de la barrière, orientant d’un choix à l’autre le destin des victimes et de leurs bourreaux, déterminant les histoires de chacun au gré d’une narration centrifuge, de l’intérieur de cette nuit maelström vers l’extérieur, un avant et un après encore à écrire. Si Interior Night, et sa quarantaine d’employés, s’inscrit assez sagement dans le champ maintenant balisé de jeux narratifs au langage calqué sur le cinéma et la série – on écarte ici volontairement les magnifiques créations de