C’est l’apanage des gens très beau que d’être immédiatement remarqué dans une foule. Depuis sa première bande-annonce lors d’un grand show de Microsoft, on savait que Clair obscur : Expedition 33 brillait par sa plastique. Ce jeu de rôle japonais se présentait avec les atours d’une superproduction quand en réalité il s’agit de la première création d’un studio d’une trentaine de personnes de Montpellier. En général, ces coups de bluff technologiques finissent mal, avec des jeux au gameplay et à l’imaginaire étriqués, sans originalité ni profondeur.
Et une heure durant, on a pensé que Clair obscur appartenait à cette catégorie de poseurs en surjouant son côté français dans une introduction présentant un Paris de fantasy façon Belle Epoque rêvée. De beaux jeunes gens très chics y paradent dans une grand-rue pavée couverte d’une pluie de pétales. Les héros s’appellent Gustave et Maëlle et ne tardent pas à se retrouver en marinière et béret. On n’est plus dans la carte postale façon Emily in Paris mais carrément dans l’image d’Epinal. Un kitsch tout juste contrebalancé par la fascination que suscitent quelques plans larges sur une ville pétrifiée et inquiétante, où gisent un Arc de triomphe fracturé et une tour Eiffel qui semble avoir subi le même traitement de choc que les montres molles de Salvador Dalí.
Façon «la Horde du contrevent»
Et puis peu à peu, le jeu dévoile sa substance, complexe. La ville, Lumière, est une île et la foule qu’on accompagne se presse pour embarquer sur de gigante