Les jeux de FromSoftware ont un pouvoir parfois inquiétant : celui de se glisser subrepticement sous la peau du joueur, de se faufiler jusqu’à un coin de son cerveau et, les jours passant, de virer doucement mais sûrement à l’obsession. On prend conscience du phénomène quand, au milieu d’une journée de travail, surgissent en flash les 50 morts endurées la veille contre un vieux schnock armé d’un énorme marteau doré. On ne s’en rend pas compte sur le coup mais c’est aussi dans ces moments-là, quand se ressasse en tâche de fond toute la chorégraphie perverse de ce boss bloquant l’accès à une forteresse parée de dorures, que l’on progresse dans le jeu. La révélation aura lieu le soir venu, quand on le terrassera, presque à sa propre surprise, après de longues minutes d’apnée sur canapé. On n’a jamais pratiqué la méditation mais on subodore que quelque chose de semblable se trame ici, dans l’apprentissage patient et humble des patterns de chaque ennemi, autrement dit de son langage. Osons écrire ici que Sekiro, le précédent jeu du studio japonais paru en 2019, nous a apporté rien de moins que du bonheur, et qu’on le pratique encore aujourd’hui comme d’autres font du yoga.
Ours géants, sorcières et dragons
Le phénomène se produit à nouveau avec Elden Ring, jeu-somme portant à incandescence tout ce que le studio dirigé par Hidetaka Miyazaki, ancien comptable appartenant aujou