Le jeu a déjà séduit près de 60 000 internautes, essentiellement des Italiens, en une semaine. Alors que les observateurs du monde entier tentent de faire des pronostics sur le successeur du pape François, une communauté de gamers participe de façon ludique au conclave, sur le jeu en ligne Fantapapa.
Après avoir créé un compte, le joueur est accueilli par un message signé du «Comité du Fantapapa», annonçant la date de début du conclave, le 7 mai 2025. L’objectif est de former une équipe de onze cardinaux sur un tableau vert qui rappelle clairement un terrain de foot : du «capitaine papabile», le cardinal qui aurait le plus de chances, selon le joueur, de devenir pape, jusqu’à celui que l’on considère «inéligible», à la place du gardien. Le joueur fait ensuite une série de pronostics sur le profil du nouveau souverain pontife. Quel nom choisira-t-il et quelles seront ses premières paroles ? De quel ordre religieux sera-t-il issu ? Portera-t-il des lunettes ? Chaque pari gagnant rapporte des points.
Adaptation du «Fantasy football»
«On a commencé le développement du jeu quand le pape est entré à l’hôpital, mi-février. A cette période, les Italiens ont commencé à parler du conclave, dans les bars, entre amis et entre collègues. Comme le Fantasy football est très populaire ici, on a pensé à adapter le format», raconte à Libération le créateur du site, Pietro Pace. Ce spécialiste de l’intelligence artificielle de 42 ans, qui travaille à Microsoft, s’associe avec un développeur indépendant et met en ligne son jeu dès le 22 avril, au lendemain de la mort du pape.
De par son nom et son fonctionnement, Fantapapa fait référence au Fantacalcio, version italienne du Fantasy football, un jeu en ligne consistant à former des équipes imaginaires, qui performent plus ou moins selon les performances réelles des joueurs en matches - équivalent du jeu français Mon petit gazon. Ce genre de jeu vidéo séduit de plus en plus d’amateurs de football. Le plus gros titre, Fantasy Premier League – jeu officiel de la Premier League anglaise - compte officiellement plus de dix millions de joueurs.
Les adeptes de Fantapapa, eux, ne sont pas forcément des amateurs de football. «Il s’agit typiquement de nerds [passionnés d’informatique, ndlr] avec une passion pour l’histoire et les intrigues politiques au Vatican. La plupart sont italiens, mais on a aussi remarqué une communauté espagnole très active sur X», décrit Pietro Pace.
Zuppi, Parolin et Pizzaballa en tête des paris
En compilant des dizaines de milliers de pronostics, le jeu donne une idée des cardinaux les plus «papabiles» selon les internautes, parmi les 135 en lice. Mercredi, Matteo Zuppi (l’archevêque de Bologne) était en tête, suivi de Pietro Parolin (le secrétaire d’Etat du Saint-Siège), Luis Antonio Tagle (l’évêque d’Imus, aux Philippines) et Pierbattista Pizzaballa (le patriarche latin de Jérusalem). Des noms qui reviennent aussi dans les prédictions des bookmakers.
Certains cardinaux se hissent sur le podium pour des raisons plus triviales. Ainsi le cardinal philippin Jose Advincula se place sixième : premier dans l’ordre alphabétique, il est le choix par défaut de nombreux joueurs. Ou encore l‘Italien Fabio Baggio, à la septième place alors qu’il n’est pas retenu par les bookmakers… Sans doute parce qu’il partage son nom avec la légende du football italien Roberto Baggio, explique à l’AFP Pietro Pace.
Aucun argent n’est en jeu dans Fantapapa, et aucune récompense n’est prévue pour les joueurs qui auront prédit avec justesse le nom du nouveau pape. Aucune, ou presque : le créateur du site promet aux heureux gagnants rien de moins que «la gloire éternelle».